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Gennarino était également jaloux du duc Vargas del Pardo, grand chambellan et favori intime de Don Carlos, qui autrefois lui avait été si utile dans la nuit qui précéda la bataille de Velletri. Ce duc passait pour le seigneur le plus riche de la cour de Naples. Tous ces avantages étaient ternis par son âge : il avait soixante-huit ans ; ce désavantage ne l’avait point empêché de devenir amoureux de la belle Rosalinde. Il est vrai qu’il était fort bel homme, qu’il montait à cheval avec beaucoup de grâce ; il avait des idées de dépense fort bizarres et prodiguait sa fortune avec une rare générosité. La bizarrerie de ces dépenses, qui étonnaient toujours, contribuait aussi à le rajeunir et renouvelait sans cesse sa faveur auprès du roi. Ce duc voulait faire de tels avantages à sa femme dans le contrat qu’il comptait présenter au prince de Bissignano qu’il mettrait celui-ci dans l’impossibilité de refuser.

Don Gennarino, qu’à la cour on appelait il Francese, était en effet fort gai, fort étourdi, et ne manquait pas de se faire l’ami de tous les jeunes seigneurs français qui visitaient l’Italie. Le roi le distinguait, car ce prince n’oubliait jamais que, si la cour de France s’écartait un jour de cet esprit d’insouciante légèreté qui semblait