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de la reine fut déposée entre les mains de la vieille Litta, la doyenne des duègnes de la maison.

La manie qu’ont les Napolitains des familles nobles de se regarder comme des princes indépendants et ayant des intérêts opposés fait qu’il ne règne aucune affection entre frère et sœur et que leurs intérêts sont toujours décidés par les règles de la politique la plus stricte.

Le prince de Bissignano[1] était amoureux de sa femme, fort gaie, fort imprudente, et qui avait trente ans de moins que lui. Pendant les fêtes brillantes de l’hiver de 1745 qui suivirent la fameuse victoire de Velletri, la princesse Dona Ferdinanda eut le plaisir de se voir environnée par tout ce qu’il y avait de plus brillant parmi les jeunes gens de la cour. Nous ne dissimulerons pas qu’elle devait ce succès à sa jeune belle-fille, qui n’était autre que cette jeune Rosalinde, que le roi proclamait la plus jolie femme de sa cour. Les jeunes gens qui entouraient la princesse de Bissignano étaient bien sûrs de se trouver côte à côte avec le roi, et même de se

  1. Ce qui suit a été dicté le 22 mars, dernier jour de la vie de Henri Beyle. N. D. L. É.