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défendaient absolument à celles-ci de recevoir les hommes en l’absence de deux ou trois duègnes choisies par les maris, semblaient céder un peu devant la facilité des mœurs françaises. Huit ou dix femmes d’une rare beauté se partageaient tous les hommages ; mais le jeune roi, fin connaisseur, soutenait que la plus belle personne de sa cour était la jeune Rosalinde, fille du prince de Bissignano. Ce prince, ancien général autrichien, personnage fort triste, fort prudent, fort lié avec l’archevêque, avait passé sans paraître au château les quatre années du règne de Don Carlos qui s’étaient écoulées avant la bataille décisive de Velletri. Le roi n’avait vu le prince de Bissignano que le jour des deux baise-mains de nécessité obligée, savoir celui du jour onomastique de la naissance du roi et celui du jour de sa fête. Mais les fêtes charmantes données par le roi lui faisaient des partisans, même au sein des familles les plus dévouées aux droits de l’Autriche, comme on disait alors à Naples. Le prince de Bissignano avait cédé malgré lui aux instances de Dona Ferdinanda, sa seconde femme, en lui permettant de paraître au palais et de se faire suivre par sa fille, cette belle Rosalinde que le roi Don Carlos proclamait la plus belle personne de son royaume.