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Don Carlos, le fils aîné de la reine Élisabeth, passa en Italie en 17[34]. La bataille de Bitonto, facilement gagnée, le mit sur le trône de Naples. Mais en 1743 l’Autriche l’attaqua sérieusement ; le 10 août 1744, il se trouvait dans la petite ville de Velletri, à douze lieues de Rome, avec sa petite armée espagnole. Il était aux pieds du mont Artemisio, à deux lieues à peine d’une petite armée autrichienne mieux placée que la sienne.

Le 14 du mois d’août, au petit jour, Don Carlos fut surpris dans sa chambre par une compagnie d’Autrichiens. Le duc de Vargas del Pardo, que la reine, en dépit des efforts du grand aumônier, avait placé auprès de son fils, le saisit par les jambes et le hissa jusqu’à la fenêtre, qui était à dix pieds du plancher, pendant que les grenadiers autrichiens enfonçaient la porte à coups de crosse, en criant au prince, avec tout le respect possible, qu’ils le suppliaient de se rendre.

Vargas sauta par la fenêtre après son prince, trouva deux chevaux, le fit monter à cheval, courut à l’infanterie, campée à un quart de lieue.

— Votre prince est perdu, dit-il aux Espagnols, si vous ne vous souvenez que vous êtes Espagnols. Il s’agit de tuer deux mille de ces hérétiques d’Autrichiens qui