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peine comprend-on ce qu’il a voulu faire entendre.

» Je pourrai peut-être, d’ici à quelques jours, vous faire prêter ce manuscrit, car il est si impatientant que je ne vous conseillerais pas de l’acheter. Il y a deux ans que, dans l’étude du notaire B…, on ne le vendait pas moins de quatre ducats. »

Huit jours après, je possédais ce manuscrit, qui est peut-être le plus impatientant du monde. À chaque instant, l’auteur recommence en d’autres termes le récit qu’il vient d’achever ; d’abord, le malheureux lecteur s’imagine qu’il s’agit d’un nouveau fait. La confusion finit par être si grande que l’on ne se figure plus de quoi il est question.

Il faut savoir qu’en 1842 un Milanais, un Napolitain, qui, dans toute leur vie, n’ont peut-être pas prononcé cent paroles de suite en langue florentine, trouvent beau, quand ils impriment, de se servir de cette langue étrangère. L’excellent général Colletta, le plus grand historien de ce siècle, avait un peu cette manie, qui souvent arrête son lecteur.

Le terrible manuscrit intitulé Suora Scolastica n’avait pas moins de trois cent dix pages. Je me souviens que j’en récrivis certaines pages, pour être sûr du sens que j’adoptais.