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« Voici », lui dit-elle, « une bourse qui renferme tout ce que nous nous sommes trouvé d’argent, Fabienne et moi. Ce soir ou demain soir, je m’arrangerai pour que la porte du couvent reste ouverte un instant. Fais échapper Julien, et toi-même, sauve-toi bientôt après. Sois assurée que l’abbesse Virgilia a tout dit au terrible évêque, dont le tribunal te condamnera sans doute à quinze années de cachot ou à la mort. »

Martona fit un mouvement pour se jeter aux genoux de Céliane.

« Que fais-tu, imprudente ? » s’écria celle-ci, et elle eut le temps d’arrêter son mouvement. « Songe que Julien et toi, vous pouvez être arrêtés à chaque instant. D’ici au moment de ta fuite, tiens-toi cachée le plus possible, et sois surtout attentive aux personnes qui entrent dans le parloir de Madame l’abbesse. »

Le lendemain, en arrivant au couvent, le comte trouva bien des changements. Martona, la confidente de l’abbesse, avait disparu pendant la nuit ; l’abbesse était tellement affaiblie qu’elle fut obligée, pour recevoir le vicaire du Prince, de se faire transporter à son parloir dans un fauteuil. Elle avoua au comte qu’elle avait tout dit à l’évêque.