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supposer qu’un homme était caché, Martona irritée et occupée en ce moment à préparer le chocolat qui formait le souper de l’abbesse, y mêla une énorme quantité du prétendu somnifère.

Le lendemain, l’abbesse Virgilia se trouva dans un état d’irritation nerveuse tellement singulier, et en se regardant au miroir, elle se trouva une figure tellement changée qu’elle pensa qu’elle allait mourir. Le premier effet de ce poison de Pérouse est de rendre presque folles les personnes qui en ont pris. Virgilia se souvint qu’un des privilèges des abbesses du noble couvent de Sainte Riparata était d’être assistées à leurs derniers moments par Monseigneur l’évêque ; elle écrivit au prélat qui bientôt parut dans le couvent. Elle lui conta non seulement sa maladie, mais encore l’histoire des deux cadavres. L’évêque la tança sévèrement de ne pas lui avoir donné connaissance d’un incident aussi singulier et aussi criminel. L’abbesse répondit que le vicaire du prince, comte Buondelmonte, lui avait fortement conseillé d’éviter le scandale.

« Et comment ce séculier a-t-il l’audace d’appeler scandale le strict accomplissement de vos devoirs ? »

En voyant arriver l’évêque au couvent, Céliane dit à Fabienne : « Nous sommes