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« Je ne saurais vous payer », disait-il, à Félize, « par des histoires intéressantes comme les vôtres. Je ne sais si j’oserai vous dire que toutes les personnes de votre sexe que j’ai rencontrées dans le monde, m’ont toujours inspiré plus de mépris pour leur caractère que d’admiration pour leur beauté. »

Les fréquentes visites du comte avaient ôté le repos à Céliane. Fabienne, de plus en plus absorbée dans sa douleur, avait cessé d’opposer ses répugnances aux conseils de son amie. Quand son tour vint de garder la porte du couvent, elle ouvrit la porte, détourna la tête, et Julien, le jeune ouvrier en soie, ami de Martona confidente de l’abbesse, put entrer dans le couvent. Il y passa huit jours entiers jusqu’au moment Fabienne étant de nouveau de service, put laisser la porte ouverte. Il paraît que ce fut sur la fin de ce long séjour de son amant que Martona donna de sa liqueur somnifère à l’abbesse, qui voulait l’avoir jour et nuit auprès d’elle, et touchée des plaintes de Julien qui s’ennuyait mortellement, seul et enfermé à clef dans sa chambre.

Julie, jeune religieuse fort dévote, passant un soir dans le grand dortoir, entendit parler dans la chambre de Martona. Elle