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par l’évêque, lui avait transmis la dénonciation. Mais, à son grand étonnement, il vit que l’histoire des deux jeunes gens entrés mourants dans le jardin de l’abbaye n’était absolument connue que de l’Abbesse, de Céliane, de Fabienne, de Félize et de son amie Rodelinde. La tante de celle-ci sut si bien dissimuler, qu’elle échappa aux soupçons. La terreur inspirée par le nouvel évêque, Monsignor ***, était telle, qu’à l’exception de l’abbesse et de Félize, les dépositions de toutes les autres religieuses, évidemment entachées de mensonge, étaient toujours données dans les mêmes termes. Le comte terminait toutes ses séances au couvent par une longue conversation avec Félize, qui faisait son bonheur, mais pour la faire durer, elle s’appliquait à n’apprendre au comte chaque jour qu’une fort petite partie de ce qu’elle savait de relatif à la mort des deux jeunes cavaliers. Elle était au contraire d’une extrême franchise sur les choses qui la regardaient personnellement. Elle avait eu trois amants ; elle raconta au comte, qui était presque devenu son ami, toute l’histoire de ses amours. La franchise si parfaite de cette jeune fille si belle et de tant d’esprit intéressa le comte qui ne fit point difficulté de répondre à cette franchise par une extrême candeur.