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première conversation, les chevaux du comte qui piaffaient dans la première cour du couvent. Le vicaire du grand-duc, en prenant la résolution de ne point parler au prince de ce qui était arrivé, avait pourtant senti qu’il contractait l’obligation de veiller sur la tranquillité future du couvent. Or, pour y parvenir, il fallait d’abord connaître quelle part les deux religieuses, dont les amants avaient péri, avaient eue à leur mort. Après un fort long entretien avec l’abbesse, le comte fit appeler huit ou dix religieuses, parmi lesquelles se trouvaient Fabienne et Céliane. Il trouva à son grand étonnement qu’ainsi que le lui avait dit l’abbesse, huit de ces religieuses ignoraient totalement ce qui s’était passé dans la nuit fatale. Le comte ne fit des interrogations directes qu’à Céliane et Fabienne : elles nièrent, Céliane avec toute la fermeté d’une âme supérieure aux plus grands malheurs, la jeune Fabienne comme une pauvre fille au désespoir, à laquelle on rappelle barbarement la source de toutes ses douleurs. Elle était horriblement maigrie et semblait atteinte d’une maladie de poitrine, elle ne pouvait se consoler de la mort du jeune Lorenzo B… « C’est moi, qui l’ai tué », disait-elle à Céliane dans les longs entretiens qu’elle avait avec elle ; « j’aurais dû mieux