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et ne savait à quoi l’attribuer. « Serait-elle coupable ? » se disait-il. Cette idée le troublait, lui, si raisonnable. Ce soupçon le porta à accorder une attention extrême et sérieuse aux réponses de la jeune religieuse. C’était un honneur que depuis longtemps les paroles d’aucune femme n’avaient obtenu de lui. Il admira l’adresse de Félize. Elle trouvait l’art de répondre d’une manière flatteuse pour le comte à tout ce que celui-ci lui disait sur le combat fatal qui avait eu lieu à la porte du couvent ; mais elle se gardait bien de lui adresser des réponses concluantes. Après une heure et demie d’une conversation pendant laquelle le comte ne s’était pas ennuyé un seul instant, il prit congé de la jeune religieuse, en la suppliant de lui accorder un second entretien à quelques jours de là. Ce mot répandit une félicité céleste dans l’âme de Félize.

Le comte sortit fort pensif de l’abbaye de Sainte Riparata. « Mon devoir serait sans doute », se disait-il, « de rendre compte au prince des choses étranges que je viens d’apprendre. Tout l’état a été occupé de la mort étrange de ces deux pauvres jeunes gens si brillants, si riches. D’un autre côté, avec le terrible évêque que ce prince-cardinal vient de nous donner, lui dire un mot de ce qui s’est passé c’est