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Martona, qui appartient à une branche de sa famille ruinée par les banqueroutes de 158… Martona est amoureuse folle d’un beau tisseur de soie nommé Julien ; il faut que ta cousine lui donne, comme un somnifère propre à faire cesser la surveillance si gênante de madame l’abbesse, ce poison de Pérouse qui fait mourir en six mois de temps. »

Le comte Buondelmonte, ayant eu l’occasion de venir à la cour, le grand-duc Ferdinand le félicita sur la tranquillité exemplaire qui régnait dans l’abbaye de Sainte Riparata. Ce mot du prince engagea le comte à aller voir son ouvrage. On peut juger de son étonnement, lorsque l’abbesse lui raconta le double assassinat, du résultat duquel elle avait été témoin. Le comte vit bien que l’abbesse Virgilia était tout à fait incapable de lui donner le moindre renseignement sur la cause de ce double crime. « Il n’y a ici », se dit-il, « que Félize, cette bonne tête, dont les raisonnements m’embarrassèrent si fort, il y a six mois, lors de ma première visite, qui puisse me donner quelque lumière sur la présente affaire. Mais préoccupée comme elle l’est de l’injustice de la société et des familles à l’égard des religieuses, voudra-t-elle parler ? »

L’arrivée au couvent du vicaire du