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apportant une longue lettre de Rodéric. Rodéric et Lancelot, par bravoure, n’avaient point voulu se faire aider par des assassins à gages alors fort communs à Florence. Eux deux seuls avaient attaqué Lorenzo et Pierre-Antoine. Le duel avait été fort long, parce que Rodéric et Lancelot, fidèles à l’ordre qu’ils avaient reçu, avaient reculé constamment, ne voulant faire à leurs adversaires que des blessures légères ; et en effet, ils ne leur avaient donné que des estocades sur les bras et ils étaient parfaitement sûrs qu’ils n’avaient pu mourir de ces blessures. Mais au moment où ils étaient sur le point de se retirer, ils avaient vu, à leur grand étonnement, un spadassin furieux fondre sur Pierre-Antoine. Aux cris qu’il poussait en l’attaquant, ils avaient fort bien reconnu Don César, le chevalier de Malte. Alors, se voyant trois contre deux hommes blessés, ils s’étaient hâtés de prendre la fuite, et le lendemain c’était un grand étonnement dans Florence, lorsqu’on vint à découvrir les cadavres de ces jeunes hommes qui tenaient le premier rang dans la jeunesse riche et élégante de la ville. Ce fut à cause de leur rang qu’on les remarqua, car sous le règne dissolu de François, auquel le sévère Ferdinand venait de succéder, la Toscane avait été comme