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afin de n’être point reconnue de Céliane et de Fabienne, elle avait couru à la porte du jardin alors tout à fait ouverte. Elle avait une peur mortelle que Rodéric, qui, dans ce moment, lui faisait horreur n’eût cherché à profiter de l’occasion pour entrer au jardin et obtenir un rendez-vous. Connaissant son imprudence et son audace, et craignant qu’il ne cherchât à la compromettre pour se venger de l’affaiblissement de ses sentiments dont il s’était aperçu, Félize se tint cachée auprès de la porte, derrière des arbres. Elle avait entendu tout ce que Céliane avait dit à l’abbesse et ensuite à Martona, et c’était elle qui avait poussé la porte du jardin, lorsque peu d’instants après que Céliane et Martona furent sorties, emportant le cadavre, elle entendit venir les soldats qui venaient relever la sentinelle.

Félize vit Céliane refermer la porte avec sa fausse clé et s’éloigner ensuite. Alors seulement elle quitta le jardin. « Voilà donc cette vengeance », se disait-elle, « dont je me promettais tant de plaisir. » Elle passa le reste de la nuit avec Rodelinde à chercher à deviner les événements qui avaient pu amener un résultat si tragique.

Par bonheur, dès le grand matin, sa camériste noble rentra au couvent, lui