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Fabienne sanglotant à genoux devant un olivier, contre lequel elle s’appuyait, était hors d’état d’aider Céliane et Martona.

« Retire-toi dans ton appartement », lui dit Céliane. « Songe avant tout à faire disparaître les traces de sang qui peuvent se trouver sur tes vêtements. Dans une heure j’irai pleurer avec toi[1]. »

Alors aidée de Martona, Céliane transporta le cadavre de son amant d’abord, puis celui de Pierre-Antoine dans la rue des marchands d’or, située à plus de dix minutes de chemin de la porte du jardin. Céliane et sa compagne furent assez heureuses pour n’être reconnues de personne. Par un bonheur bien autrement signalé et sans lequel leur sage précaution eût été rendue impossible, le soldat qui était en sentinelle devant la porte du jardin s’était assis sur une pierre assez éloignée et semblait dormir. Ce fut ce dont Céliane s’assura avant d’entreprendre de trans-

  1. Ici se trouve dans le texte, le fragment suivant qui s’enchaîne assez mal avec le récit, qu’il contredit même sur plus d’un point. Aussi ne le donnons-nous qu’en note. N. D. L. É.

    Félize était au désespoir. Quoique ce siècle fût trop voisin des vrais dangers pour être remarquable par une délicatesse excessive, elle ne pouvait se dissimuler que c’était elle qui avait arrangé toute cette affaire. Placée sur la terrasse servant de toit à l’orangerie, elle entendait fort mal ce que disait Pierre-Antoine. D’ailleurs elle voyait la porte tout à fait ouverte : elle craignait mortellement que l’imprudence naturelle à Rodéric ne le portât à se montrer, dans le vague