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Lancelot, aidés de plusieurs hommes à eux, épièrent pendant toute la journée les actions de Lorenzo et de Pierre-Antoine. Par les indiscrétions de ceux-ci, ils obtinrent la certitude que la nuit suivante ils devaient tenter l’escalade du mur de Sainte Riparata. Un marchand fort riche, dont la maison était voisine du corps de garde qui fournissait la sentinelle placée devant la porte du jardin des religieuses, mariait sa fille ce soir-là. Lorenzo et Pierre-Antoine, déguisés en domestiques de riche maison, profitèrent de cette circonstance pour venir offrir en son nom, vers les dix heures du soir, un tonneau de vin au corps de garde. Les soldats firent honneur au cadeau. La nuit était fort obscure, l’escalade du mur du couvent devait avoir lieu sur les minuit ; dès onze heures du soir, Rodéric et Lancelot cachés près du mur, eurent le plaisir de voir la sentinelle de l’heure précédente relevée par un soldat plus qu’à demi ivre, et qui ne manqua pas de s’endormir au bout de quelques minutes.

Dans l’intérieur du couvent, Félize et Rodelinde avaient vu leurs ennemies Fabienne et Céliane se cacher dans le jardin sous des arbres assez voisins du mur de clôture. Un peu avant minuit, Félize osa bien aller réveiller l’abbesse.