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tait à lui donner l’ordre de vive voix dans un rendez-vous qu’elle lui accorderait. Or, c’est à quoi Félize, toute occupée du comte Buondelmonte, ne voulut jamais consentir. « Je conçois bien, » lui écrivit-elle avec sa franchise imprudente, « qu’on se damne pour avoir du bonheur ; mais se damner pour voir un ancien amant dont le règne est passé, c’est ce que je ne concevrai jamais. Toutefois, je pourrai bien consentir à vous recevoir encore une fois la nuit, pour vous faire entendre raison, mais ce n’est point un crime que je vous demande. Ainsi, vous ne pouvez point avoir des prétentions exagérées et demander à être payé comme si l’on exigeait de vous de donner la mort à un insolent. Ne commettez point l’erreur de faire aux amants de nos ennemies des blessures assez graves pour les empêcher d’entrer au jardin et de se donner en spectacle à toutes celles de nos dames que nous aurons eu le soin d’y rassembler. Vous feriez manquer tout le piquant de notre vengeance, je ne verrais en vous qu’un étourdi indigne de m’inspirer la moindre confiance. Or, sachez que c’est surtout à cause de ce défaut capital que vous avez cessé de mériter mon amitié ».

Cette nuit de vengeance préparée avec tant de soin arriva enfin. Rodéric et