Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/158

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sur l’article des filles que je voulais prendre à mon service. Je fus séduite à mon insu par la tentation de paraître raisonnable à un homme tellement raisonnable lui-même. Je ne vis pas que je lui ôtais toute occasion de revenir exercer sa charge de vicaire dans notre couvent. De là vient que je m’ennuie tant maintenant. Cette petite poupée de Rodéric, qui m’amusait quelquefois, me semble tout à fait ridicule, et, par ma faute, je n’ai plus revu cet aimable comte. C’est à nous désormais, à Rodelinde et à moi, à faire en sorte que notre vengeance amène des désordres tels que sa présence soit souvent nécessaire au couvent. Notre pauvre abbesse est si peu capable de secret, qu’il est fort possible qu’elle l’engage à diminuer autant que possible les entretiens que je chercherai à avoir avec lui, auquel cas, je n’en doute pas, l’ancienne maîtresse du grand-duc cardinal se chargera de faire ma déclaration à cet homme si singulier et si froid. Ce sera une scène comique qui peut-être l’amusera, car ou je me trompe fort ou il n’est pas autrement dupe de toutes les sottises qu’on nous prêche pour nous asservir ; seulement il n’a pas encore trouvé de femme digne de lui et je serai cette femme ou j’y perdrai la vie. »

Dès lors, l’ennui de Félize et de Rode-