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ment. Il parla dans ce sens au grand-duc, qui l’engagea à user de la plus extrême sévérité, et qui en même temps ne parut point disposé à donner à son ancienne amie le chagrin d’être transférée dans un autre couvent, pour cause d’incapacité.

Le comte revint à Sainte Riparata, fort résolu d’user d’une extrême rigueur afin de se débarrasser au plus vite de la corvée dont il avait eu l’imprudence de se charger. Félize, de son côté, encore irritée de la façon dont le comte lui avait parlé, était bien résolue à profiter de la première entrevue pour reprendre le ton qui convenait à la haute noblesse de sa famille, et à la position qu’elle occupait dans le monde. À son arrivée au couvent, le comte fit appeler sur-le-champ Félize, afin de se délivrer d’abord de ce que la corvée avait de plus pénible. Félize, de son côté, vint au parloir déjà animée par la plus vive colère, mais le comte la trouva fort belle, il était fin connaisseur en ce genre. « Avant de déranger cette physionomie superbe », se dit-il, « donnons-nous le temps de la bien voir ». Félize de son côté admira le ton raisonnable et froid de ce bel homme, qui, dans le costume complètement noir qu’il avait cru devoir adopter à cause des fonctions qu’il venait exercer au couvent, était vraiment fort remarquable. « Je pensais », se disait