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journée, mais ce temps lui semblait fort long, au dire des femmes de chambre.

Le comte apprit encore que Rodéric et Lancelot étaient les noms de deux amants de ces dames, apparemment de Félize et de Rodelinde, mais il ne voulut pas faire de question directe à ce sujet.

L’heure qu’il passa avec ces femmes de chambre ne lui sembla point longue, mais elle parut éternelle à Félize, qui voyait sa dignité outragée par l’action de ce vicaire du prince qui la privait à la fois du service de ses cinq femmes de chambre. Elle n’y put tenir et, entendant de loin qu’on faisait beaucoup de bruit dans le parloir, elle y fit irruption, quoique sa dignité lui dît que cette façon d’y paraître, mue évidemment par un transport d’impatience, pouvait être ridicule après avoir refusé de se rendre à l’invitation officielle de l’envoyé du prince. « Mais je saurai bien rabattre le caquet de ce petit monsieur », se dit Félize, la plus impérieuse des femmes. Elle fit donc irruption dans le parloir, en saluant fort légèrement l’envoyé du prince et ordonnant à une de ses femmes de chambre de la suivre.

« Madame, si cette fille vous obéit, je vais faire rentrer mes gens dans le couvent et ils la ramèneront à l’instant devant moi.