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remettrait à tout jamais son autorité au comte Buondelmonte, dont les décisions seraient sans appel.

Après avoir entretenu la bonne abbesse, le comte fut scandalisé du mauvais goût du prince : elle n’avait pas le sens commun et n’était rien moins que jolie. Le comte trouva fort méchantes les religieuses qui voulaient empêcher Félize degli Almieri de prendre deux nouvelles femmes de chambre. Il avait fait appeler Félize au parloir. Elle fit répondre avec impertinence qu’elle n’avait pas le temps de venir, ce qui amusa le comte, jusque-là assez ennuyé de sa mission et se repentant de sa complaisance pour le prince.

Il dit qu’il aimait autant parler aux femmes de chambre qu’à Félize elle-même, et fit dire aux cinq femmes de chambre de paraître au parloir. Trois seulement se présentèrent et déclarèrent au nom de leur maîtresse qu’elle ne pouvait se passer de la présence de deux d’entre elles, sur quoi le comte, usant de ses droits comme représentant du prince, fit entrer deux de ses gens au couvent, qui lui amenèrent les deux femmes de chambre récalcitrantes, et il s’amusa une heure durant du bavardage de ces cinq filles jeunes et jolies et qui la plupart du temps parlaient toutes à la fois. Ce fut alors seu-