Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.

répondit le comte, « moi qui ne crois point que le Dieu tout-puissant abaisse ses regards jusqu’à ces misères. Rendez vos sujets heureux et honnêtes gens, si vous le pouvez, et du reste ayez trente-six maîtresses.

— Je n’en veux pas même avoir une », répliqua le prince en riant, « et c’est à quoi je serais fort exposé, si je revoyais l’abbesse de Sainte Riparata. C’est bien la meilleure fille du monde et la moins capable de gouverner, je ne dis pas un couvent rempli de jeunes filles enlevées au monde malgré elles, mais bien la réunion la plus sage de femmes vieilles et dévotes. »

Le prince avait une crainte si profonde de revoir la sœur Virgilia que le comte en fut touché. « S’il manque à l’espèce de vœu qu’il a fait en recevant du Pape la permission de se marier », se dit-il en pensant au prince, « il est capable d’avoir le cœur troublé pour le reste de sa vie », et le lendemain, il alla au couvent de Sainte Riparata, où il fut reçu avec toute la curiosité et tous les honneurs dus au représentant du prince. Ferdinand Ier avait envoyé un de ses ministres déclarer à l’abbesse et aux religieuses que les affaires de son état ne lui permettaient pas de s’occuper de leur couvent et qu’il