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ou étaient admises comme religieuses dans des couvents d’un ordre inférieur.

Les très nobles dames de Sainte Riparata pouvaient avoir jusqu’à cinq femmes de chambre, et la sœur Félize degli Almieri prétendait en avoir huit. Toutes les dames du couvent que l’on supposait galantes, et elles étaient au nombre de quinze ou seize, soutenaient les prétentions de Félize, tandis que les vingt-six autres s’en montraient hautement scandalisées et parlaient de faire un appel au Prince.

La bonne sœur Virgilia, la nouvelle abbesse, était loin d’avoir une tête suffisante pour terminer cette grave affaire ; les deux partis semblaient exiger d’elle qu’elle la soumît à la décision du Prince.

Déjà, à la cour, tous les amis de la famille des Almieri commençaient à dire qu’il serait étrange que l’on voulût empêcher une fille d’aussi haute naissance que Félize, et autrefois aussi barbarement sacrifiée par sa famille, de faire l’usage qu’elle voudrait de sa fortune, surtout cet usage étant aussi innocent. D’un autre côté, les familles des religieuses âgées ou moins riches ne manquaient pas de répondre qu’il était pour le moins singulier de voir une religieuse, qui avait fait vœu de pauvreté, ne pas se contenter du service de cinq femmes de chambre.