Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.

père vous destine. Ne lui faites aucune confidence fâcheuse ; mais, d’un autre côté, ne cherchez jamais à me revoir ; soyons désormais étrangers l’un à l’autre. Vous avez avancé une somme considérable pour le service de la patrie ; si jamais elle est délivrée de ses tyrans, cette somme vous sera fidèlement payée en biens nationaux.

Vanina était atterrée. En lui parlant, l’œil de Pietro n’avait brillé qu’au moment où il avait nommé la patrie.

Enfin l’orgueil vint au secours de la jeune princesse ; elle s’était munie de diamants et de petites limes. Sans répondre à Missirilli, elle les lui offrit.

— J’accepte par devoir, lui dit-il, car je dois chercher à m’échapper ; mais je ne vous verrai jamais, je le jure en présence de vos nouveaux bienfaits. Adieu, Vanina promettez-moi de ne jamais m’écrire, de ne jamais chercher à me voir ; laissez-moi tout à la patrie, je suis mort pour vous : adieu.

— Non, reprit Vanina furieuse, je veux que tu saches ce que j’ai fait, guidée par l’amour que j’avais pour toi.

Alors elle lui raconta toutes ses démarches depuis le moment où Missirilli avait quitté le château de San Nicolô, pour aller se rendre au légat. Quand ce récit fut terminé :