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parut devant le pape, assez embarrassé de la démarche qu’il avait à faire, Sa Sainteté lui dit :

— Avant tout, j’ai une grâce à vous demander. Il y a un de ces carbonari de Forli qui est resté condamné à mort ; cette idée m’empêche de dormir : il faut sauver cet homme.

Le ministre, voyant que le pape avait pris son parti, fit beaucoup d’objections, et finit par écrire un décret ou motu proprio, que le pape signa, contre l’usage.

Vanina avait pensé que peut-être elle obtiendrait la grâce de son amant, mais qu’on tenterait de l’empoisonner. Dès la veille, Missirilli avait reçu de l’abbé Cari, son confesseur, quelques petits paquets de biscuit de mer, avec l’avis de ne pas toucher aux aliments fournis par l’État.

Vanina ayant su après que les carbonari de Forli allaient être transférés au château de San Leo, voulut essayer de voir Missirilli à son passage à Citta-Castellana ; elle arriva dans cette ville vingt-quatre heures avant les prisonniers ; elle y trouva l’abbé Cari, qui l’avait précédée de plusieurs jours. Il avait obtenu du geôlier que Missirilli pourrait entendre la messe, à minuit, dans la chapelle de la prison. On alla plus loin : si Missirilli voulait consentir à se laisser lier les bras et les