Arrivée au château de San Nicolô, Vanina, troublée par son étrange démarche, redoubla de tendresse pour son amant. Mais en lui parlant d’amour, il lui semblait qu’elle jouait la comédie. La veille, en trahissant, elle avait oublié le remords. En serrant son amant dans ses bras, elle se disait :
« Il y a un certain mot qu’on peut lui dire, et ce mot prononcé, à l’instant et pour toujours, il me prend en horreur. »
Au milieu de la nuit, un des domestiques
de Vanina entra brusquement dans sa
chambre. Cet homme était carbonaro sans
qu’elle s’en doutât. Missirilli avait donc
des secrets pour elle, même pour ces
détails. Elle frémit. Cet homme venait
avertir Missirilli que dans la nuit, à Forli,
les maisons de dix-neuf carbonari avaient
été cernées, et eux arrêtés au moment où
ils revenaient de la vente. Quoique pris
à l’improviste, neuf s’étaient échappés.
Les carabiniers avaient pu en conduire dix
dans la prison de la citadelle. En y entrant,
l’un d’eux s’était jeté dans le puits, si profond,
et s’était tué. Vanina perdit contenance ;
heureusement Pietro ne le remarqua
pas : il eût pu lire son crime dans ses yeux.
.............Dans ce moment, ajouta le
domestique, la garnison de Forli forme
une file dans toutes les rues. Chaque soldat