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» Cette jolie ville d’Albano, si voisine du quartier général des brigands, vit naître, en 1542, Hélène de Campireali. Son père passait pour le patricien le plus riche du pays, et, en cette qualité, il avait épousé Victoire Carafa, qui possédait de grandes terres dans le royaume de Naples. Je pourrais citer quelques vieillards qui vivent encore, et ont fort bien connu Victoire Carafa et sa fille. Victoire fut un modèle de prudence et d’esprit ; mais, malgré tout son génie, elle ne put prévenir la ruine de sa famille. Chose singulière ! les malheurs affreux qui vont former le triste sujet de mon récit ne peuvent, ce me semble, être attribués, en particulier, à aucun des acteurs que je vais présenter au lecteur : je vois des malheureux, mais, en vérité, je ne puis trouver des coupables. L’extrême beauté et l’âme si tendre de la jeune Hélène étaient deux grands périls pour elle, et font l’excuse de Jules Branciforte, son amant, tout comme le manque absolu d’esprit de monsignor Cittadini, évêque de Castro, peut aussi l’excuser jusqu’à un certain point. Il avait dû son avancement rapide dans la carrière des honneurs ecclésiastiques à l’honnêteté de sa conduite, et surtout à la mine la plus noble et à la figure la plus régulièrement