L’ABBESSE DE CASTRO
I
e mélodrame nous a montré si souvent
les brigands italiens du seizième
siècle, et tant de gens en ont parlé
sans les connaître, que nous en avons maintenant
les idées les plus fausses. On peut
dire en général que ces brigands furent
l’opposition contre les gouvernements
atroces qui, en Italie, succédèrent aux
républiques du moyen âge. Le nouveau
tyran fut d’ordinaire le citoyen le plus
riche de la défunte république, et, pour
séduire le bas peuple, il ornait la ville
d’églises magnifiques et de beaux tableaux.
Tels furent les Polentini de Ravenne, les
Manfredi de Faenza, les Riario d’Imola,
les Cane de Vérone, les Bentivoglio de
Bologne, les Visconti de Milan, et enfin,
les moins belliqueux et les plus hypocrites
de tous, les Médicis de Florence. Parmi
les historiens de ces petits États, aucun n’a
osé raconter les empoisonnements et