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jours moins affreux ? Chacun dans Rome semblait chargé de sa défense. N’eût-elle pas été pardonnée si, la première fois que François Cenci tenta le crime, elle l’eût poignardé ?

Le pape Clément VIII était doux et miséricordieux. Nous commencions à espérer qu’un peu honteux de la boutade qui lui avait fait interrompre le plaidoyer des avocats, il pardonnerait à qui avait repoussé la force par la force, non pas, à la vérité, au moment du premier crime, mais lorsque l’on tentait de le commettre de nouveau. Rome tout entière était dans l’anxiété, lorsque le pape reçut la nouvelle de la mort violente de la marquise Constance Santa Croce. Son fils Paul Santa Croce venait de tuer à coups de poignard cette dame, âgée de soixante ans, parce qu’elle ne voulait pas s’engager à le laisser héritier de tous ses biens. Le rapport ajoutait que Santa Croce avait pris la fuite, et que l’on ne pouvait conserver l’espoir de l’arrêter. Le pape se rappela le fratricide des Massini, commis peu de temps auparavant. Désolée de la fréquence de ces assassinats commis sur de proches parents, Sa Sainteté ne crut pas qu’il lui fût permis de pardonner. En recevant ce fatal rapport sur Santa Croce, le pape se trouvait au palais de Monte Cavallo, où il était le