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envoyée à la justice de Rome, laquelle se détermina enfin à faire arrêter et conduire à la prison de Corte Savella Jacques et Bernard Cenci, les seuls fils survivants de François, ainsi que Lucrèce, sa veuve. Béatrix fut gardée dans le palais de son père par une grosse troupe de sbires. Marzio fut amené de Naples, et placé, lui aussi, dans la prison Savella ; là, on le confronta aux deux femmes, qui nièrent tout avec constance, et Béatrix en particulier ne voulut jamais reconnaître le manteau galonné qu’elle avait donné à Marzio. Celui-ci[1] pénétré d’enthousiasme pour l’admirable beauté et l’éloquence étonnante de la jeune fille répondant au juge, nia tout ce qu’il avait avoué à Naples. On le mit à la question, il n’avoua rien, et préféra mourir dans les tourments ; juste hommage à la beauté de Béatrix[2].

Après la mort de cet homme, le corps du délit n’étant point prouvé, les juges ne trouvèrent pas qu’il y eût raison suffisante pour mettre à la torture soit les deux fils de Cenci, soit les deux femmes[3]. On les conduisit tous quatre au château

  1. Édit. de 1855 : Ce brigand tout à coup
  2. Effet d’une âme forte. (Note de Stendhal sur le manuscrit italien.)
  3. Donc il fallait une certaine probabilité pour faire donner la torture. (Note de Stendhal sur le manuscrit italien.)