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voulût s’appliquer il s’en tirait avec une grâce toute particulière. On a supposé qu’il aimait Béatrix et avait le projet de quitter la mantelleta et de l’épouser[1] ; mais, quoiqu’il prît soin de cacher ses sentiments avec une attention extrême, il était exécré de François Cenci, qui lui reprochait d’avoir été fort lié avec tous ses enfants. Quand monsignor Guerra apprenait que le signor Cenci était hors de son palais, il montait à l’appartement des dames et passait plusieurs heures à discourir avec elles et à écouter leurs plaintes des traitements incroyables auxquels toutes les deux étaient en butte. Il paraît que Béatrix la première osa parler de vive voix à monsignor Guerra du projet auquel elles s’étaient arrêtées. Avec le temps il y donna les mains ; et, vivement pressé à diverses reprises par Béatrix, il consentit enfin à communiquer cet étrange dessein à Giacomo Cenci, sans le consentement duquel on ne pouvait rien faire, puisqu’il était le frère aîné et chef de la maison après François[2].

On trouva de grandes facilités à l’attirer dans la conspiration ; il était extrêmement

  1. La plupart des monsignori ne sont point engagés dans les ordres sacrés et peuvent se marier.
  2. Le frère aîné, chef de la maison, idée féodale et espagnole. (Note de Stendhal sur le manuscrit italien.)