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qui fut trésorier pendant quelques années avant 1572, trouva moyen de laisser à cet homme affreux qui fut son fils et père de Béatrix un revenu net de cent soixante mille piastres (environ deux millions cinq cent mille francs de 1837)[1].

François Cenci, outre cette grande fortune, avait une réputation de courage et de prudence à laquelle, dans son jeune temps, aucun autre Romain ne put atteindre ; et cette réputation le mettait d’autant plus en crédit à la cour du pape et parmi tout le peuple, que les actions criminelles que l’on commençait à lui imputer n’étaient que du genre de celles que le monde pardonne facilement. Beaucoup de Romains se rappelaient encore, avec un amer regret, la liberté de penser et d’agir dont on avait joui du temps de Léon X, qui nous fut enlevé en 1513, et sous Paul III, mort en 1549. On commença à parler, sous ce dernier pape, du jeune François Cenci à cause de certains amours singuliers, amenés à bonne réussite par des moyens plus singuliers encore.

  1. 50 mille francs de rente vers 1580. Par quelle quantité faut-il multiplier cette somme pour avoir l’équivalent en 1833 ? Je pense qu’il faut multiplier par 4. F. Cenci aurait aujourd’hui 2 millions 200 mille fr. de rente. On voit qu’il se tire d’affaire lors d’un procès de S[odomie], moyennant onze cent mille francs (ou 4 millions 400 mille francs). Les grands de nos jours n’ont point de telles amendes. 15 mai 33 (Note de Stendhal sur le manuscrit italien.)