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traducteur cesse d’être fidèle lorsqu’il ne peut plus l’être : l’horreur l’emporterait facilement sur l’intérêt de curiosité.

Le triste rôle du don Juan pur (celui qui ne cherche à se conformer à aucun modèle idéal, et qui ne songe à l’opinion du monde que pour l’outrager) est exposé ici dans toute son horreur. Les excès de ses crimes forcent deux femmes malheureuses à le faire tuer sous leurs yeux ; ces deux femmes étaient l’une son épouse, et l’autre sa fille, et le lecteur n’osera décider si elles furent coupables. Leurs contemporains trouvèrent qu’elles ne devaient pas périr.

Je suis convaincu que la tragédie de Galeoto Manfredi (qui fut tué par sa femme, sujet traité par le grand poëte Monti) et tant d’autres tragédies domestiques du quinzième siècle, qui sont moins connues et à peine indiquées dans les histoires particulières des villes d’Italie, finirent par une scène semblable à celle du château de Petrella. Voici la traduction du récit contemporain ; il est en italien de Rome, et fut écrit le 14 septembre 1599[1].

  1. Ce qui me plaît dans ce récit, c’est qu’il est aussi contemporain que possible. La pauvre fille fut tuée le 11 septembre 1599, et le récit fut fini d’écrire le 15 septembre. J’ai étudié et admiré sa figure hier au Palais Barberini. Mars 1834 (Note de Stendhal sur un des manuscrits italiens.)