et net qui fait voir clair dans les motifs des actions des hommes.
François Cenci se sera dit : « Par quelles actions parlantes, moi Romain, né à Rome en 1527, précisément pendant les six mois durant lesquels les soldats luthériens du connétable de Bourbon y commirent, sur les choses saintes, les plus affreuses profanations ; par quelles actions pourrais-je faire remarquer mon courage et me donner, le plus profondément possible, le plaisir de braver l’opinion ? Comment étonnerai-je mes sots contemporains ? Comment pourrai-je me donner le plaisir si vif de me sentir différent de tout ce vulgaire[1] ? »
Il ne pouvait entrer dans la tête d’un Romain, et d’un Romain du moyen âge, de se borner à des paroles. Il n’est pas de pays où les paroles hardies soient plus méprisées qu’en Italie.
L’homme qui a pu se dire à lui-même ces choses se nommait François Cenci : il a été tué sous les yeux de sa fille et de sa femme, le 15 septembre 1598. Rien d’ai-
- ↑ Ceci m’a l’air d’un roué passé au méchant à cause de son immense fortune, un de Sade. Cenci le père avait 70 ans. (Note de Stendhal en marge des manuscrits italiens.)
Les notes de Stendhal que j’ai tenu à reproduire fidèlement soulignaient sa lecture du texte italien. Elles s’appliquent parfois moins bien à l’adaptation française ou même font double emploi avec la paraphrase souvent ajoutée par l’auteur à sa traduction toujours très libre. N. D. L. É.