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On expédia de Venise une frégate à Candie, portant ordre au seigneur Latino Orsini de revenir sur-le-champ pour affaire de grande importance, et l’on croit qu’il perdra sa charge[1].

Hier matin, qui fut le jour de Saint-Étienne, tout le monde s’attendait à voir mourir ledit prince Louis, ou à ouïr raconter qu’il avait été étranglé en prison ; et l’on fut généralement surpris qu’il en fût autrement, vu qu’il n’est pas oiseau à tenir longtemps en cage. Mais la nuit suivante le procès eut lieu, et, le jour de Saint Jean, un peu avant l’aube, on sut que ledit seigneur avait été étranglé et qu’il était mort fort bien disposé. Son corps fut transporté sans délai à la cathédrale, accompagné par le clergé de cette église et par les pères jésuites. Il fut laissé toute la journée sur une table au milieu de l’église pour servir de spectacle au peuple et de miroir aux inexpérimentés.

Le lendemain son corps fut porté à Venise, ainsi qu’il l’avait ordonné dans son testament, et là il fut enterré.

Le samedi on pendit deux de ses gens ; le premier et le principal fut Furio Savorgnano, l’autre une personne vile.

  1. Prudence nécessaire alors. Le gouvernement bien moins puissant que de nos jours. Il n’avait que la force pure et nullement l’assentiment. (Note de Stendhal sur le manuscrit italien.)