justice auxquels il donnait asile dans son palais et dans ses États, et il songea au plus vite à trouver quelque prétexte honnête pour sortir immédiatement des pays soumis au pouvoir de ce pontife si résolu.
Il faut savoir que le prince Paul Orsini était devenu d’une grosseur extraordinaire ; ses jambes étaient plus grosses que le corps d’un homme ordinaire, et une de ces jambes énormes était affligée du mal nommé la lupa (la louve), ainsi appelé parce qu’il faut le nourrir avec une grande abondance de viande fraîche qu’on applique sur la partie affectée ; autrement l’humeur violente, ne trouvant pas de chair morte à dévorer, se jetterait sur les chairs vivantes qui l’entourent.
Le prince prit prétexte de ce mal pour aller aux célèbres bains d’Albano, près de Padoue, pays dépendant de la république de Venise ; il partit avec sa nouvelle épouse vers le milieu de Juin. Albano était un port très sûr pour lui ; car, depuis un grand nombre d’années, la maison Orsini était liée à la république de Venise par des services réciproques.
Arrivé en ce pays de sûreté, le prince ne pensa qu’à jouir des agréments de plusieurs séjours ; et, dans ce dessein, il loua trois magnifiques palais : l’un à Venise, le palais Dandolo, dans la rue de la Zecca ;