Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/253

Cette page a été validée par deux contributeurs.

du moins d’en avoir eu connaissance avant l’exécution ; d’autres pensèrent (et ce qui arriva plus tard sembla confirmer cette idée) qu’elles furent portées à cette démarche pour effectuer le mariage, le prince ayant promis à Vittoria de l’épouser aussitôt qu’elle n’aurait plus de mari.

Toutefois, ni alors ni plus tard, on n’a connu clairement l’auteur de la mort de Félix, quoique tous aient eu des soupçons sur tous. La plupart cependant attribuaient cette mort au prince Orsini ; tous savaient qu’il avait eu de l’amour pour Vittoria[1], il en avait donné des marques non équivoques ; et le mariage qui survint fut une grande preuve, car la femme était d’une condition tellement inférieure, que la seule tyrannie de la passion d’amour put l’élever jusqu’à l’égalité matrimoniale[2]. Le vulgaire ne fut point détourné de cette façon de voir par une lettre adressée au gouverneur de Rome, et que l’on répandit peu de jours après le fait. Cette lettre était écrite au

  1. Édition de 1855 : On convenait généralement qu’il avait eu une passion pour Vittoria. N. D. L. É.
  2. La première femme du prince Orsini, dont il avait un fils nommé Virginio, était sœur de François Ier, grand duc de Toscane, et du cardinal Ferdinand de Médicis. Il la fit périr du consentement de ses frères, parce qu’elle avait une intrigue. Telles étaient les lois de l’honneur apportées en Italie par les Espagnols. Les amours non légitimes d’une femme offensaient autant ses frères que son mari.