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Bien est-il vrai que si quelqu’un des parents de Vittoria, ainsi que dans Rome beaucoup en eurent le soupçon, contribua, par le désir d’une plus haute fortune, à la délivrer de son mari, il eut lieu de reconnaître bientôt après combien il eût été plus sage de se contenter des avantages modérés d’une fortune agréable, et qui devait atteindre sitôt au faîte de tout ce que peut désirer l’ambition des hommes.

Pendant que Vittoria vivait ainsi reine dans sa maison, un soir que Félix Perreti venait de se mettre au lit avec sa femme, une lettre lui fut remise par une nommée Catherine, née à Bologne et femme de chambre de Vittoria. Cette lettre avait été apportée par un frère de Catherine, Dominique d’Aquaviva, surnommé le Mancino (le gaucher). Cet homme était banni de Rome pour plusieurs crimes ; mais, à la prière de Catherine, Félix lui avait procuré la puissante protection de son oncle le cardinal, et le Mancino venait souvent dans la maison de Félix, qui avait en lui beaucoup de confiance.

La lettre dont nous parlons était écrite au nom de Marcel Accoramboni[1], celui

  1. Au nom ou de la main de Marcel Accoramboni ? Cela est important. Probablement la lettre fut écrite par Marcel, alors complice. La malheureuse obscurité de la langue italienne a fait écrire a nome, au lieu de di mano, 26 avril 1833. (Note de Stendhal sur le manuscrit italien.)