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dinal Montalto, désigné par le duc d’Urbin et créé, par le pape Grégoire XIII, évêque de Fossombrone ; Marcel Accoramboni, jeune homme d’un courage fougueux, accusé de plusieurs crimes, et vivement pourchassé par la corte[1], avait échappé à grand’peine à des poursuites qui pouvaient le mener à la mort. Honoré de la protection du cardinal, il put recouvrer une sorte de tranquillité.

Un troisième frère de Vittoria, Jules Accoramboni, fut admis par le cardinal Alexandre Sforza aux premiers honneurs de sa cour, aussitôt que le cardinal Montalto en eut fait la demande.

En un mot, si les hommes savaient mesurer leur bonheur, non sur l’insatiabilité infinie de leurs désirs, mais par la jouissance réelle des avantages qu’ils possèdent déjà, le mariage de Vittoria avec le neveu du cardinal Montalto eût pu sembler aux Accoramboni le comble des félicités humaines. Mais le désir insensé d’avantages immenses et incertains peut jeter les hommes les plus comblés des faveurs de la fortune dans des idées étranges et pleines de périls.

  1. C’était le corps arme chargé de veiller à la sûreté publique, les gendarmes et agents de police de l’an 1580. Ils étaient commandés par un capitaine appelé Bargello, lequel était personnellement responsable de l’exécution des ordres de monseigneur le gouverneur de Rome (le préfet de police).