qui dès la première vue lui gagnait le cœur et la volonté de chacun. Et cette simplicité qui donnait de l’empire à ses moindres paroles n’était troublée par aucun soupçon d’artifice ; dès l’abord on prenait confiance en cette dame douée d’une si extraordinaire beauté. On aurait pu, à toute force, résister à cet enchantement, si on n’eût fait que la voir ; mais, si on l’entendait parler, si surtout on venait à avoir quelque conversation avec elle, il était de toute impossibilité d’échapper à un charme aussi extraordinaire.
Beaucoup de jeunes cavaliers de la ville de Rome, qu’habitait son père, et où l’on voit son palais place des Rusticuci, près Saint-Pierre, désirèrent obtenir sa main. Il y eut force jalousies et bien des rivalités ; mais enfin les parents de Vittoria préférèrent Félix Peretti, neveu du cardinal Montalto, qui a été depuis le pape Sixte-Quint, heureusement régnant.
Félix, fils de Camille Peretti, sœur du cardinal, s’appela d’abord François Mignucci ; il prit les noms de Félix Peretti lorsqu’il fut solennellement adopté par son oncle.
Vittoria, entrant dans la maison Peretti, y porta, à son insu, cette prééminence que l’on peut appeler fatale, et qui la suivait en tous lieux ; de façon que l’on peut dire que, pour ne pas l’adorer, il fallait ne