— Eh bien, ma chère Hélène, dit-elle enfin, la destinée me force à t’avouer une action bien naturelle peut-être, après les malheurs autrefois arrivés dans notre famille, mais dont je me repens, et que je te prie de me pardonner : Jules… Branciforte… est vivant…
— Et c’est parce qu’il vit que je ne veux pas vivre.
La signora de Campireali ne comprenait pas d’abord le langage de sa fille, puis elle lui adressa les supplications les plus tendres ; mais elle n’obtenait pas de réponse : Hélène s’était tournée vers son crucifix et priait sans l’écouter. Ce fut en vain que, pendant une heure entière, la signora de Campireali fit les derniers efforts pour obtenir une parole ou un regard. Enfin, sa fille, impatientée, lui dit :
— C’est sous le marbre de ce crucifix qu’étaient cachées ses lettres, dans ma petite chambre d’Albano ; il eût mieux valu me laisser poignarder par mon père ! Sortez, et laissez-moi de l’or.
La signora de Campireali, voulant continuer à parler à sa fille, malgré les signes d’effroi que lui adressait son écuyer, Hélène s’impatienta.
— Laissez-moi, du moins, une heure de liberté ; vous avez empoisonné ma vie, vous voulez aussi empoisonner ma mort.