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Sur quoi il souffla la chandelle et sortit en enfermant à clef les deux amis.

Le lendemain, Jules, qui ne voulut pas sortir de sa chambre, envoya demander au prince la permission de retourner à la Petrella, et de ne pas le voir de quelques jours. Mais on vint lui rapporter que le prince avait disparu, ainsi que ses troupes. Dans la nuit, il avait appris la mort de Grégoire XIII ; il avait oublié son ami Jules et courait la campagne. Il n’était resté autour de Jules qu’une trentaine d’hommes appartenant à l’ancienne compagnie de Ranuce. L’on sait assez qu’en ce temps-là, pendant le siège vacant, les lois étaient muettes, chacun songeait à satisfaire ses passions, et il n’y avait de force que la force ; c’est pourquoi, avant la fin de la journée, le prince Colonna avait déjà fait pendre plus de cinquante de ses ennemis. Quant à Jules, quoiqu’il n’eût pas quarante hommes avec lui, il osa marcher vers Rome.

Tous les domestiques de l’abbesse de Castro lui avaient été fidèles ; ils s’étaient logés dans les pauvres maisons voisines du couvent de Sainte-Marthe. L’agonie de Grégoire XIII avait duré plus d’une semaine ; la signora de Campireali attendait impatiemment les journées de trouble qui allaient suivre sa mort pour faire