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sement, en six mois et à peu de frais, elle détruirait tous les soldats d’aventure de l’Italie.

— Mais après tout, ajouta le jeune Branciforte, si vous le voulez, mon prince, je suis prêt à marcher. Vous trouverez toujours en moi le successeur du brave Ranuce tué aux Ciampi.

Avant l’arrivée de Jules, le prince avait ordonné, comme il savait ordonner, que personne dans la Petrella ne s’avisât de parler de Castro et du procès de l’abbesse ; la peine de mort, sans aucune rémission, était placée en perspective du moindre bavardage. Au milieu des transports d’amitié avec lesquels il reçut Branciforte, il lui demanda de ne point aller à Albano sans lui, et sa façon d’effectuer ce voyage fut de faire occuper la ville par mille de ses gens, et de placer une avant-garde de douze cents hommes sur la route de Rome. Qu’on juge de ce que devint le pauvre Jules, lorsque le prince, ayant fait appeler le vieux Scotti, qui vivait encore, dans la maison où il avait placé son quartier général, le fit monter dans la chambre où il se trouvait avec Branciforte. Dès que les deux amis se furent jetés dans les bras l’un de l’autre :

— Maintenant, pauvre colonel, dit-il à Jules, attends-toi à ce qu’il y a de pis.