Ces deux dames délibérèrent aussitôt sur les moyens de cacher ce fatal secret au reste du couvent. Elles décidèrent d’abord que le lit de l’abbesse serait transporté de sa chambre actuelle, lieu tout à fait central, à la pharmacie que l’on venait d’établir dans l’endroit le plus reculé du couvent, au troisième étage du grand bâtiment élevé par la générosité d’Hélène. C’est dans ce lieu que l’abbesse donna le jour à un enfant mâle. Depuis trois semaines la femme du boulanger était cachée dans l’appartement de la prieure. Comme cette femme marchait avec rapidité le long du cloître, emportant l’enfant, celui-ci jeta des cris, et, dans sa terreur, cette femme se réfugia dans la cave. Une heure après, madame Bernarde, aidée du médecin, parvint à ouvrir une petite porte du jardin, la femme du boulanger sortit rapidement du couvent et bientôt après de la ville. Arrivée en rase campagne et poursuivie par une terreur panique, elle se réfugia dans une grotte que le hasard lui fit rencontrer dans certains rochers. L’abbesse écrivit à César del Bene, confident et premier valet de chambre de l’évêque, qui courut à la grotte qu’on lui avait indiquée ; il était à cheval : il prit l’enfant dans ses bras, et partit au galop pour Montefiascone. L’enfant fut baptisé dans l’église de Sainte-