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— Au bout du compte, disait l’évêque à son confident César del Bene, le mépris est pour l’amant qui s’est désisté de l’attaque avant d’y être contraint par des moyens de force majeure.

Maintenant ma triste tâche va se borner à donner un extrait nécessairement fort sec du procès à la suite duquel Hélène trouva la mort. Ce procès, que j’ai lu dans une bibliothèque dont je dois taire le nom, ne forme pas moins de huit volumes in-folio. L’interrogatoire et le raisonnement sont en langue latine, les réponses en italien. J’y vois qu’au mois de novembre 1572, sur les onze heures du soir, le jeune évêque se rendit seul à la porte de l’église où toute la journée les fidèles sont admis ; l’abbesse elle-même lui ouvrit cette porte, et lui permit de la suivre. Elle le reçut dans une chambre qu’elle occupait souvent et qui communiquait par une porte secrète aux tribunes qui règnent sur les nefs de l’église. Une heure s’était à peine écoulée lorsque l’évêque fort surpris, fut renvoyé chez lui ; l’abbesse elle-même le reconduisit à la porte de l’église, et lui dit ces propres paroles :

Retournez à votre palais et quittez-moi bien vite. Adieu, monseigneur, vous me faites horreur ; il me semble que je me suis donnée à un laquais.