tant d’esprit, l’avait pourtant composée. Son dessein était de commencer la correspondance par sept à huit lettres d’amour passionné ; elle voulait préparer ainsi les suivantes, où l’amour semblerait s’éteindre peu à peu.
Nous passerons rapidement sur dix années d’une vie malheureuse. Hélène se croyait tout à fait oubliée, et cependant avait refusé avec hauteur les hommages des jeunes seigneurs les plus distingués de Rome. Pourtant elle hésita un instant lorsqu’on lui parla du jeune Octave Colonna, fils aîné du fameux Fabrice, qui jadis l’avait si mal reçue à la Petrella. Il lui semblait que, devant absolument prendre un mari pour donner un protecteur aux terres qu’elle avait dans l’État romain et dans le royaume de Naples, il lui serait moins odieux de porter le nom d’un homme que jadis Jules avait aimé. Si elle eût consenti à ce mariage, Hélène arrivait bien rapidement à la vérité sur Jules Branciforte. Le vieux prince Fabrice parlait souvent et avec transports des traits de bravoure surhumaine du colonel Lizzara (Jules Branciforte), qui, tout à fait semblable aux héros des vieux romans, cherchait à se distraire par de belles actions de l’amour malheureux qui le rendait insensible à tous les plaisirs. Il croyait Hélène mariée depuis