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supplice terrible va être publiée et rendue exécutoire aussi dans le royaume de Naples. J’engage votre révérence à lire cette lettre du vice-roi, un peu mon parent, qui daigne m’annoncer cette nouvelle. Dans quel pays Branciforte pourra-t-il chercher un asile ? Je ferai remettre cinquante mille piastres au prince avec prière de donner le tout ou partie à Jules Branciforte, sous la condition qu’il ira servir le roi d’Espagne, mon seigneur, contre les rebelles de Flandre. Le vice-roi donnera un brevet de capitaine à Branciforte, et, afin que la sentence de sacrilège, que j’espère bien aussi rendre exécutoire en Espagne, ne l’arrête point dans sa carrière, il portera le nom de baron Lizzara ; c’est une petite terre que j’ai dans les Abruzzes, et dont, à l’aide de ventes simulées, je trouverai moyen de lui faire passer la propriété. Je pense que votre révérence n’a jamais vu une mère traiter ainsi l’assassin de son fils. Avec cinq cents piastres, nous aurions pu depuis longtemps nous débarrasser de cet être odieux ; mais nous n’avons point voulu nous brouiller avec Colonna. Ainsi daignez lui faire remarquer que mon respect pour ses droits me coûte soixante ou quatre-vingt mille piastres. Je veux n’entendre jamais parler de ce Branciforte, et sur le tout présentez mes respects au prince.