Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/191

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ces sentences cruelles envers les sacrilèges. En général, il fallait un grand nombre de gardes pour empêcher le peuple indigné de remplacer les bourreaux dans leur office. Chacun se croyait ami intime de la Madone. Le seigneur de Campireali s’était encore fait lire cette sentence peu de moments avant sa mort, et avait donné à l’avocat qui l’avait procurée sa belle terre située entre Albano et la mer. Cet avocat n’était point sans mérite. Branciforte était condamné à ce supplice atroce, et cependant aucun témoin n’avait dit l’avoir reconnu sous les habits de ce jeune homme déguisé en courrier, qui semblait diriger avec tant d’autorité les mouvements des assaillants. La magnificence de ce don mit en émoi tous les intrigants de Rome. Il y avait alors à la cour un certain fratone (moine), homme profond et capable de tout, même de forcer le pape à lui donner le chapeau ; il prenait soin des affaires du prince Colonna, et ce client terrible lui valait beaucoup de considération. Lorsque la signora de Campireali vit sa fille de retour à Castro, elle fit appeler ce fratone.

— Votre révérence sera magnifiquement récompensée, si elle veut bien aider à la réussite de l’affaire fort simple que je vais lui expliquer. D’ici à peu de jours, la sentence qui condamne Jules Branciforte à un