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Le messager envoyé par Hélène revint au bout de trois jours, tout effaré ; d’abord, il lui avait été impossible de trouver Branciforte, et les questions qu’il ne cessait de faire sur le compte du jeune capitaine ayant fini par le rendre suspect, il avait été obligé de prendre la fuite.

— Il n’en faut point douter, le pauvre Jules est mort, se dit Hélène, et c’est moi qui l’ai tué ! Telle devait être la conséquence de ma misérable faiblesse et de ma pusillanimité ; il aurait dû aimer une femme forte, la fille de quelqu’un des capitaines du prince Colonna.

La nourrice crut qu’Hélène allait mourir. Elle monta au couvent des capucins, voisin du chemin taillé dans le roc, où jadis Fabio et son père avaient rencontré les deux amants au milieu de la nuit. La nourrice parla longtemps à son confesseur, et, sous le secret du sacrement, lui avoua que la jeune Hélène de Campireali voulait aller rejoindre Jules Branciforte, son époux, et qu’elle était disposée à placer dans l’église du couvent une lampe d’argent de la valeur de cent piastres espagnoles.

— Cent piastres ! répondit le moine irrité. Et que deviendra notre couvent, si nous encourons la haine du seigneur de Campireali ? Ce n’est pas cent piastres, mais bien mille, qu’il nous a données pour être allés