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dats déguisés en domestiques. En sautant de la fenêtre dans le corps de garde, il rencontra les yeux d’Ugone ; tout le corps de garde était ivre, grâce à ses soins. Jules dit au chef que trois domestiques de la maison Campireali, qu’il avait fait armer comme des soldats pour lui servir d’escorte pendant sa route, avaient trouvé de bonne eau-de-vie à acheter, et demandaient à monter pour ne pas s’ennuyer tout seuls sur la place ; ce qui fut accordé à l’unanimité. Pour lui, accompagné de ses deux hommes, il descendit par l’escalier qui, du corps de garde, conduisait dans le passage.

— Tâche d’ouvrir la grande porte, dit-il à Ugone.

Lui-même arriva fort paisiblement à la porte de fer. Là, il trouva la bonne tourière, qui lui dit que, comme il était minuit passé, s’il entrait dans le couvent, l’abbesse serait obligée d’en écrire à l’évêque ; c’est pourquoi elle le faisait prier de remettre ses dépêches à une petite sœur que l’abbesse avait envoyée pour les prendre. À quoi Jules répondit que, dans le désordre qui avait accompagné l’agonie imprévue du seigneur de Campireali, il n’avait qu’une simple lettre de créance écrite par le médecin, et qu’il devait donner tous les détails de vive voix à la femme du malade et à sa